Selon Civicus, « les groupes et mouvements de base ouvrent la voie à la justice sociale, économique, politique et environnementale dans le monde entier. Cependant, ils manquent souvent de reconnaissance et d’accès à des ressources financières et non financières adéquates pour travailler et assurer leur bien-être mental et financier ». Tel est le cas de nombreux mouvements militants tant formels qu’informels, non répertoriés à Madagascar.
Actuellement, l’activisme citoyen à Madagascar reste en situation critique car faisant l’objet d’un vide juridique. Au niveau international, la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme de 1948 est suivie du Pacte International relatif aux Droits Civils et Politiques de 1966, signé par Madagascar en 1969 et ratifié en 1971, et de son Deuxième Protocole facultatif ratifié en 2017. Au niveau national, aucun texte légal ne prévoit spécifiquement le phénomène social de l’activisme. Toutefois, la loi fondamentale malgache en vigueur proclame et garantit en son article 10 « les libertés d’opinion et d’expression, de communication, de presse, d’association, de réunion, de circulation, de conscience et de religion à tous » dans le respect des libertés et droits d’autrui, de l’ordre public, de la dignité nationale et de la sécurité de l’Etat. Elle rajoute en son article 13 que « Tout individu est assuré de l’inviolabilité de sa personne, de son domicile et du secret de sa correspondance ».
Pourtant en réalité, les militants souffrent d‘insécurité, de violence tant physique que morale en l’absence de cadre légal relatif à ce concept à Madagascar. La situation est encore plus alarmante pour les militants informels agissant localement dans leur communauté respective, notamment dans le Sud de Madagascar. Il en résulte une répercussion négative sur le taux d’implication des jeunes citoyens, des femmes, des personnes handicapées et tout autre acteur citoyen engagé sur une thématique donnée. Ils semblent invisibles, leurs actions sont de faible portée et l’exercice de leurs libertés civiques et politiques s’en trouvent limitées, voire même, menacées. Leur image fait l’objet de controverses, d’amalgames par rapport au vandalisme public ou au statut d’opposition politique. L’ambiguïté plane autour du rôle des mouvements militants et de leurs actions civiques locales. La précarité et l’insuffisance de moyens techniques et financiers s’ajoutent aux principaux blocages d’intervention autonome.
Alors que le rôle clé et irremplaçable des organisations de base tente de survivre non sans mal, la faible valorisation de ce groupement minoritaire résilient et croissant à Madagascar ainsi que la carence en infrastructures pour le renforcement de capacités affectent sensiblement le pouvoir des citoyen(ne)s engagé(e)s dans la lutte pour la protection des droits humains et environnementaux au niveau des nombreuses localités, notamment celles enclavées dans le pays. Leur faible visibilité internationale et leur incapacité de financement des projets en cours ont pour effet de limiter encore plus leur impact sociétal.
Telle est la problématique soulevée par la Campagne à mettre en œuvre dans le cadre du présent projet Grassroots Changemakers, en collaboration avec Civicus, la plateforme de concertation citoyenne Havoria ainsi que toutes les partie prenantes de la Société Civile, notamment En collaboration avec Natural Justice, Divers’ Unité, Tafo Mihaavo, Amnesty International Africa et avec l’appui de Fanainga , pour l’opérationnalisation d’une structure de dialogue entre les activistes nationaux sans distinction et les partenaires internationaux intéressés dans le développement des projets locaux existants. Ce projet vise à accroître la visibilité des activistes nationaux, renforcer leurs capacités et les mettre en relation avec les partenaires techniques et financiers afin de soutenir et faire développer leurs activités.
