Lettre Ouverte à SEM Président de la République de Madagascar

Lettre Ouverte à SEM Président de la République de Madagascar
Lettre Ouverte à SEM Président de la République de Madagascar

Antananarivo, le 09 juillet 2024

A

SEM Andry Nirina Rajoelina Président de la République de Madagascar

Objet : Lettre Ouverte à SEM Président de la République de Madagascar pour l’éclairer dans le choix des ministres en charge de l’éducation « The right person at the right place »

Monsieur le Président,

Vous aviez choisi comme axe prioritaire de votre mandat le capital humain auquel s’inscrit l’éducation. L’éducation est l’affaire de tous, c’est-à-dire sans distinction d’origine, de classe sociale, économique et d’appartenance politique, et ne saurait en être autrement. Comme l’État, la société civile s’engage également pour l’assise et la promotion d’une éducation de qualité à Madagascar ; et ce, à travers des actions d’observation, de suivi et d’évaluation des politiques publiques, d’éducation citoyenne, de plaidoyer et d’interpellation.

En perspectives de la prochaine rentrée parlementaire, un remaniement gouvernemental est attendu. Aussi, l’Alliance Stratégique des OSC de l’éducation, se permet de vous adresser ses conseils et recommandations dans le choix des prochains ministres en charge de l’éducation.

Dans un premier temps, nous tenons à mettre l’accent sur les enjeux auxquels les ministres en charge de l’Éducation devront répondre pour atteindre les qualités requises pour l’éducation à Madagascar. En effet, ces ministres devront cerner et être capable d’appréhender les multiples enjeux de l’éducation à l’exemple de :

  • La complexité des relations et des jeux d’acteurs rendant l’application difficile et lente des politiques éducatives ;
  • Le retard dans la rédaction et l’adoption des textes d’application de la LOSEM ;
  • La crise mondiale du financement de l’éducation joint par la récente coupe budgétaire des secteurs sociaux auxquels l’éducation n’a pas été épargnés ;
  • La détérioration de la qualité de l’éducation illustrée par les statistiques alarmant des compétences des enseignants essentiellement communautaires. Selon

l’enquête IPS Éducation, seuls 3,5% des enseignants maitrisent le contenu de ce qu’ils doivent enseigner ;

  • La politisation à outrance de l’éducation impactant négativement sur l’accès et la qualité de l’éducation ;
  • La centralisation des ressources humaines, financiers et matériels ;
  • La corruption sexuelle et celle classique laissant pour compte une part importante de la jeunesse malgache ;
  • Les retards importants dans l’atteinte des objectifs de l’agenda 2030 ;
  • L’élaboration urgente d’un nouveau Plan Sectoriel de l’Éducation tout en sachant capitaliser sur le contexte actuel et les consultations déjà entreprises jusqu’ici.

De surcroît, l’article 05 de la loi N°2022-018 portant orientation générale du système éducatif à Madagascar (LOSEM) dispose que « L’éducation et la formation de qualité́ sont une priorité́ nationale absolue ».

Cette notion de qualité exige les compétences et expériences suivantes pour prendre les décisions :

  • Une connaissance intime des enjeux et des maux de l’éducation ;
  • Une grande capacité à fédérer en dépit des nombreuses dissensions et conflits latents au sein de l’éducation ;
  • Une humilité pour reconnaitre qu’il ou elle n’a pas la solution idoine sans la collaboration avec les acteurs ;
  • Un grand courage pour prendre les décisions impopulaires pour le bien des enfants, d’emprunter des sentiers innovants ;
  • Une capacité à faire face aux pressions extérieures et intérieures visant des intérêts privés ;
  • Une expérience solide en gestion éducative et réforme pédagogique ;
  • Des compétences en gestion de projets et financement éducatif

Mais par-dessus tout, les ministres en charge de l’éducation devront être répondre à de hauts standards d’intégrité, c’est-à-dire, des personnalités probes loin de tout scandale et soupçon de corruption.

Sachant reconnaître la continuité de l’État, il/elle pourra constater des avancements en termes d’engagements de l’État malagasy. Selon le pacte de partenariat signé le 11 décembre 2023 par toutes les parties prenantes, voici les axes prioritaires auxquels les actions des ministres en charge de l’éducation devront être axées dans les années à venir :

  • Mise en œuvre de la LOSEM:
    • Réaliser des études d’impact socio-économique et rédiger les 47 décrets d’application de la LOSEM ;
    • Veiller à ce que tous les acteurs du secteur de l’éducation comprennent et appliquent cette loi.
  • Transformation de l’Éducation lors du Forum TES : la continuation des initiatives prises lors du Forum Transformation Education Summit (TES) pour moderniser le curriculum et les méthodes d’enseignement.
  • Formation et Professionnalisation des Enseignants :
  • Accessibilité et Équité de l’Éducation

Nous espérons que vous tiendrez compte de ces recommandations lors du choix du/de la candidat.e pour la nomination des prochains Ministres en charge de l’Éducation. Il est essentiel que les personnes choisies soient capables de relever ces défis avec détermination et compétence, afin de garantir un avenir meilleur pour nos enfants et notre nation.

Nous vous prions d’agréer, Monsieur le Président de la République de Madagascar, l’expression de notre plus haute considération.

Organisations de la société civile signataires:

  • ASEFFEMA
  • CCOC (Collectif des Citoyens et des Organisations Citoyennes)
  • DRV (Dinika sy Rindra ho an’ny Vehivavy)
  • Education Network
  • JAI Association
  • MoNEPT ( Mouvement National pour l’ Education pour Tous)
  • Mouvement ROHY
  • MSIS TATAO
  • ONG Ivorary
  • ONG Ravintsara
  • Projet SCORE

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